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INDUSTRY OF COOL BLOG
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22 septembre 2005

totp

mercredi 21 septembre
topo

activiste (ligne éditoriale), défricheur (choix des livres), topo est certainement le magazine préféré d'industry of cool.
couv_topo

interview d'une des têtes pensantes du magazine, tibo bérard

1) A quoi sert un magazine littéraire en 2005 ?
Nous avons coutume de dire que topo n'est pas un magazine "littéraire" mais "sur les livres". Parce qu'il traite de tous les livres (premiers romans, best-sellers, curiosités) et de tous les genres (littérature, BD, jeunesse, essais), mais aussi parce qu'il est axé "sur" les livres, c'est-à-dire qu'il essaie de porter sur le monde du livre un regard ample - panoramique - et curieux. Donc, un regard de lecteurs. Et ça, c'est utile, parce que ce regard vient rompre le cercle inoxydable "journaliste-éditeur-auteur" : dans topo, des lecteurs parlent aux lecteurs, en retraçant le chemin de lecture qui leur a été, à eux-mêmes, transmis par un grand frère, un professeur, un ami...   "Tu devrais lire ça, ce livre est pour toi". Donc, autant de livres dans topo qu'il y a de lecteurs (c'est-à-dire beaucoup), et une alternance entre présentation légère, iconographiée, et des analyses pointues sur les structures romanesques, leurs mutations et celles du monde littéraire (librairies, éditeurs, lectorat, etc.). A travers le livre, topo regarde et (espérons) reflète le monde - de manière transversale.
2) Y-a t'il une globalisation de la littérature comme dans la musique ?
La concentration arrive à peu près à son point culminant... encore un effort et le livre n'aura plus rien à envier au CD de ce coté. En France, les deux plus gros éditeurs sont tout de même Arnaud Lagardère et Enest-Antoine Sellières ! Le réseau de libraires et la loi du prix unique du livre limitent un peu les dégâts, mais un renouveau reste nécessaire (et urgent) du coté de l'édition et de la presse. A topo, nous ne nous situons pas dans une défense inconditionnelle des indépendants contre les grosses structures, qui ont aussi les moyens de publier d'excellents auteurs, mais nous sommes conscients de la nécessité d'une pluralité d'offres et de "tons" éditoriaux. Nous sommes, à ce titre, assez heureux de remarquer l'émergence de nouvelles maisons d'édition - souvent lancées par des femmes - en réaction aux mouvements de concentration. Panama, Héloise d'Ormesson, Naive Livres... Ces maisons sont dynamiques et n'hésitent pas à marier divers supports, divers genres, ou à puiser dans diverses cultures (populaires notamment) pour faire du livre un objet vivant, inscrit dans le présent.
3) un critique littéraire est-il  écrivain frustré ?
Sans doute, à voir le nombre de critiques qui écrivent des livres (étonnamment bien accueillis par les critiques, quelle que soit la qualité de l'ouvrage, hum hum...). D'où notre conviction, cruciale, qu'il est plus sain de faire appel à des lecteurs - libraires, bibliothécaires, universitaires - qu'à des journalistes chevronnés. La curiosité, et le désir de présenter des livres - vraiment lus, disséqués, analysés - aux lecteurs doivent présider au besoin de se mettre soi-même en avant.
4) cinq livres essentiels de 2005
Pour présenter un panel un peu large (j'en reste aux romans de la rentrée, faute de temps) :

_ Thierry Laurent, ''Mordre'' : pour lecteurs méfiants vis-à-vis de la littérature contemporaine. Oui, les livres en chair existent ! Non, tous les auteurs français ne scrutent pas d'un oeil vide une réalité vide peuplée d'êtres vides ! De la matière romanesque, beaucoup d'habileté et un vrai univers imaginaire.

_ Richard Morgiève, ‘’Vertig’’ : pour lecteurs aguerris. Une structure travaillée au corps, une virtuosité d'écriture... Et le souci de fonder de nouvelles formes romanesques.

_ Philippe Garnier, ‘’Mon père s'est perdu au fond du couloir’’ : pour lecteurs amoureux de petits morceaux de cruauté. Très réussi, fulgurances poétiques dans la lignée de Bruno Schulz, très "scénarisé" dans le bon sens du terme.

_ Bret Easton Ellis, ‘’Lunar Park’’ : pour tous lecteurs !! LE roman d'Ellis depuis Moins que zéro. Un monde romanesque riche, vernaculaire, labyrinthique, cousin de l'un des romans fétiches de l'équipe topo : La maison des feuilles de Danielewski.

_ Ornela Vorpsi : pour lecteurs "rêveurs itinérants". Un recueil de nouvelles énigmatiques, drôles, sordides... chaque histoire est marquée par une tonalité différente, tout en renvoyant au même noyau central - l'idée dite d'une "boisson humaine", selon laquelle chaque être est destiné à frémir, être infusé, porté à ébullition et finalement... bu (englouti). Une vraie voix littéraire, délirante et joyeuse.
5) topo livres, ça veut topo cinéma (ou autre) dans le futur ?

topo cinéma, musiques... Je ne crois pas, parce que topo est déjà transversal, il touche aux autres formes d'expression artistique à travers et par le livre. En revanche, ouvrir topo (comme une "marque" de reconnaissance) à d'autres supports que le papier (espèce en voie de disparition), ça oui ! CD, DVD, internet... Tout est à faire et doit être fait - à force d'ouvrir de tous cotés des canaux de diffusion, il va bien falloir y mettre du contenu !!! et nous préparons nos cartouches sur ces terrains-là.

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